Chasse aux changeurs clandestins de l'aéroport de Douala

Publié le 02/05/2017
Malgré le rappel à l'ordre du ministre des Finances, les «changeurs » proposent toujours leurs services. A leurs risques et périls.

« Président », des sourcils haussés en signe d'interrogation, une question en un mot murmuré que vous devinez plus que vous n'entendez (change ?), un geste discret de la main  (frottement du pouce et de l'index) vous accueillent dès que vous pénétrez le hall de l'aéroport international de Douala. Mêlé à la foule de voyageurs, un « changeur » vient de repérer votre arrivée.

A peine avez-vous secoué la tête en signe de dénégation  qu'il  se  met  déjà  en chasse d'un autre potentiel client. Comme plusieurs autres de ses camarades. Ici, on ne semble pas être au courant du rappel à l'ordre du ministre des Finances paru la veille dans Cameroon Tribune du vendredi 21 avril 2017, contre l'exercice illégal des activités de change. Tout est dans le « semble  »,  parce  qu'après  avoir échangé avec l'un d'eux, qu'on appelle « Président », on se rend vite compte qu'il a lu effectivement le communiqué de presse du Minfi.  

« Président » l'avoue lui-même et il saisit l'occasion pour exprimer ses réserves quant à cette sortie ministérielle  :  «  Nous  savons  que  nous sommes dans l'informel. Mais ça, c'est nous  envoyer  au  quartier.  Nous sommes des pères de familles. Ça va être difficile de s'en sortir. Chacun est déjà en train de réfléchir à ce qu'il va faire. » Il en profite également pour revenir sur l'activité en elle-même qui, du fait du nombre de plus en plus croissant de « changeurs », n'est plus aussi  florissante.  

A  l'aéroport  de Douala, ils sont près d'une cinquantaine, selon « Président ». Il pointe aussi  du  doigt  le  montant  de  la somme qu'il faut verser pour recevoir l'agrément, hors de leur portée : «plus de 50 millions F.»  Mêmes lamentations du côté d'Akwa Palace où on peut trouver de nombreux « changeurs » qui circulent à pied aux alentours de l'hôtel. Et ils préfèrent garder leur anonymat. Ici, l'un des vendeurs de devises rencontré  non  seulement  a  les  mêmes plaintes que « Président » de l'aéroport, mais il ajoute une crainte : celle d'être harcelé maintenant par les forces de l'ordre.

De plus, il assure que les ambulants ne changent pas grand chose, mais qu'il y a de gros « changeurs » qui « changent des centaines de millions  ». Nos pas nous mènent chez  l'un  de ces  barons,  non  loin d'Akwa Palace, dans un endroit auquel on ne prête pas vraiment attention.

A l'intérieur, il y a plusieurs pièces, avec des sièges et des calculatrices sur des tables. On croise un groupe de clients.  Dans la pièce principale, « Le Père ». Mais il ne touche pas à l'argent. La tâche revient à un « caissier » qui de temps en temps sort des liasses de billets de Cfa d'Afrique centrale et des devises étrangères de son boubou. Euros, dollars, nairas, dirhams, Fcfa d'Afrique de l'Ouest, etc.

Bien sûr qu'ils sont au courant de la décision. Et « Le Père » assure qu'ils ont  absolument  l'intention  de  se conformer à la réglementation et à tout ce que décide l'Etat. Ils ne prendront aucune décision pour le moment. En attendant, on peut voir de nos propres yeux que le « change » continue aux risques et périls des clandestins.
© Cameroon Tribune
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